Commémoration du 8 mai 1945
En ce lundi 8 mai 2017, un hommage a été rendu aux morts pour la France.
Des enfants étaient présents et ont lu le texte qu'ils avaient écrit pour cette occasion.
Puis, le maire, Luc Chambonnet a pris la parole, pour compléter les hommages officiels. Voici son discours :
Nous sommes le jour d'après l'élection présidentielle où nous avons évité le pire.
Dans 2 jours, nous célébrerons aussi l'abolition de l'esclavage et aujourd'hui, devant ce monument aux morts, nous nous recueillons et rendons hommage à ceux qui, au péril de leur vie et en sacrifiant leur jeunesse, nous permettent de vivre en paix depuis 72 ans sur le territoire de France.
Cet hommage me paraît décalé, voire paradoxal lorsque, avec Christiane Robert, maire de Roussas, nous constatons cette montée du vote extrême droite qui paraît inéluctable dans nos villages. C'est l'incompréhension qui domine. Nous ne sommes pas fiers de ces résultats. Alors pourquoi ? Est-ce la faute de vos élus locaux qui font tout pour améliorer votre cadre de vie malgré les contraintes budgétaires ? Est-ce dû à une "surpopulation maghrébine" ici ? Il faudra me le démontrer. Est-ce l'insécurité ? A part quelques vols à déplorer, nous pouvons nous promener sans problème à toute heure du jour et de la nuit, ici, en Drôme provençale. Alors, c'est quoi ?
Hé bien, c'est la peur. La peur de perdre notre confort matériel, c'est la peur distillée par des infos anxiogènes et des fausses rumeurs sur le net. La racine de cette peur, c'est l'ignorance et cela génère de la haine, la haine de l'autre.
Nous avons une qualité de vie dans nos villages que beaucoup nous envient de par le monde. En s'inclinant devant ceux qui nous ont libérés, nous devons aussi continuer ce travail de mémoire qui doit nous poursuivre dans l'isoloir en responsabilisant notre vote. Le vote extrême droite n'est pas la solution à quelque colère que ce soit même justifiée.
Alors, attention pour l'avenir !
Notre pays a déjà fait l'expérience de l'extrême droite au pouvoir avec l'état français de Pétain et Laval. Ce sont eux qui ont promulgué les lois anti-juives, ce sont eux qui ont pourchassé et torturé les résistants gaullistes ou communistes avec l'aide de leur bras armé qui était la milice composée de français.
Je ne vis pas dans un pays de "bisounours". Je sais les problèmes, les difficultés que rencontrent nos concitoyens et qu'il faudra gommer ou régler lors de ce quinquennat. Mais que chacun en conscience se pose honnêtement les bonnes questions et regarde en face sa situation, ici, à Roussas et Valaurie, et se compare à tous ces peuples de par le monde accablés par tant de malheurs.
Oui, il fait bon vivre à Roussas et Valaurie. Gardons notre qualité de vie. Soyons ouverts au monde. N'ayons pas peur de l'avenir. Nos valeurs républicaines sont là pour nous protéger : Liberté, Egalité, Fraternité et je rajouterai Laïcité. Confortons notre humanisme et notre bonheur de vivre ensemble.
Avant de nous retrouver autous d'un verre à la salle Lucie Aubrac, une grande résistante, je vais vous lire un court poème du Pasteur Martin Niemöller, déporté à Dachau de 1938 à 1945 :
Quand ils sont venus chercher les communistes
Je n'ai rien dit
Je n'étais pas communiste
Quand ils sont venus chercher les syndicalistes
Je n'ai rien dit
Je n'étais pas syndicaliste
Quand ils sont venus chercher les juifs
Je n'ai pas protesté
Je n'étais pas juif
Quand ils sont venus chercher les catholiques
Je n'ai rien dit
Je n'étais pas catholique
Puis ils sont venus me chercher
Et il ne restait personne pour dire quelque chose.