Histoire et patrimoine

Des ateliers de tailles de silex de l’époque préhistorique trouvés dans certains quartiers témoignent de l’ancienneté de la commune de Valaurie. Toutefois, les documents recensés permettant de retracer son histoire ne remontent qu’au IXème siècle.
Le nom de Valaurie peut trouver son origine dans son environnement, où se mêlent les grès et les sables, "ocre jaune et ocre rouge", avec ses falaises ruiniformes colorées. Ce village faisait partie, dans l’Antiquité, de la zone d’influence attachée à des cités comme Le Pègue et Grignan. Cette situation lui valut une fréquentation importante et une grande prospérité.

On y retrouva beaucoup de vestiges de cette période, dont un grand nombre de monnaies probablement enfouies lors des invasions du IIIème siècle. Il y a une trentaine d’années, on découvrit dans le village un cimetière mérovingien qui fit l’objet de fouilles.
Dans les chartes de 1146 à 1180, la famille « maîtresse des lieux » désignée au cartulaire de Richerenches se nomme ILLI De VALAURIA, et dès 1147, la charte 60 signale un Pierre de VALAURIE qui pourrait être ce Pieron de VALAURIE, propriétaire d’une terre à Saint-Paul-Trois-Châteaux. On sait également que deux VALLAURIE ont porté le nom d’HUGUES, alliés à celui de VISAN.
D’autres personnages à la filiation ignorée sont aussi des VALLAURIE, tels Guillaume de VALLAURIE qui conseille sa donation à Guillaume Richaux (1180-1180 ?), Rostang de VALLAURIE, Guillaume « Lambert de VALLAURIE » et son fils prénommé Pons.
En 1158, les comtes de Poitiers, par mariage, deviennent possesseurs de Marsanne et vont acquérir nombre de terres au sud de la Drôme, dont : Ancone, Valaurie, et Béconne en 1253, en hommage à Decan D’Uzés qui les tenait des Adhémar. Les Uzés en seront propriétaires jusqu’en 1590, date à laquelle ces villages reviennent aux Beaumont, puis en 1603 aux descendants du célèbre Escalin de la Garde.
Au XVIIIème Siècle, Valaurie revient au gendre de Pauline de Simiane (petite-fille de Madame de Sévigné), puis en 1784 le village est cédé à Joseph d’Hugues, fait marquis le 24 janvier 1789.

eglise►Les premières fondations de l’église Saint Martin (quartier de Valaurie) datent du Vème siècle, époque de la grande christianisation et de la conversion de l’empereur Constantin. L’église actuelle est fondée aux XIème et XIIème siècles, construite curieusement en dehors du village. Elle est la seule en Tricastin à posséder dans son intégralité un clocher porche. Valaurie formait une paroisse du diocèse de Saint-Paul-Trois-Châteaux, et son église était celle d’un prieuré séculier, unie à la sacristie du chapitre, « cathédrale de saint Paul » qui avait de ce chef la collation de la cure et les dîmes de la paroisse».
Le corps et la nef de l’église sont du pur style roman et l’abside est semi-circulaire à l’intérieur et pentagonale à l’extérieur, ce qui en fait l’originalité et la rareté. Cette église, parfaitement représentative de l’Art Roman Provençal des XIème et XIIème siècles, illustre une des plus belles périodes de l’histoire de la Provence, à l’origine d’un patrimoine architectural d’une ineffable beauté, dans cette région entre Rhône et Drôme, Alpes et Méditerranée.
Une pierre frontale dans l’église est datée de 1305. La cloche, dédiée à Marie, reine de France, fut fêlée à la libération, refondue et bénite.
Très menacée notamment par un tremblement de terre de 1934, l’église fait l’objet depuis 1991 d’une restauration.

►Seules subsistent quelques traces du château médiéval, mais on peut encore admirer les remparts au nord du village, surplombé de leur chemin de ronde, restes d’une destruction partielle en 1589, suite à la prise de Valaurie par Lesdiquières (1588) et de l’érosion du temps. Quelques lignes « pierreuses » sont visibles au sud avec des tours d’appui qui donnent un certain cachet et rendent pittoresques les maisons médiévales. On sait également que la dernière grande restauration des remparts date de la fin du XVIème siècle, avec le remplacement des archères par des couleuvrines et un nouveau portail du côté nord, fermé par une porte de bois, mais sans trace de herse (c’est le Pourtalou).

Le lavoir de Valaurie►Datant de la fin du XIXème, le lavoir a été inauguré une première fois en 1897 par Monsieur Emile Loubet, alors maire de Montélimar (deux ans avant son élection à la Présidence de la République). Ce lavoir menaçant ruine quelque cent ans plus tard, la municipalité de l'époque, appelait à la générosité des Valauriens en lançant une souscription sous l'égide des Amis de Valaurie, pour sa restauration. Déductions faites des subventions, il restait à trouver 30 830 Francs pour financer les travaux. Les dons récoltés atteignaient 29 590 Francs et une habitante de Valaurie venait compléter la somme en remettant à l'association un chèque de 1 240 Francs. Cet élan de solidarité et de générosité a permis la réfection de la toiture et des festons qui en font son originalité. Un siècle après Monsieur Loubet, Monsieur Jean-Paul Raba, maire inaugurait à son tour le lavoir et remettait à chaque donateur un titre symbolique de propriété d'un feston.

►On trouverait la présence de vignes en Tricastin dès le Vème siècle avant Jésus-Christ. Les Grecs ont introduit la viticulture à partir de leurs comptoirs méditerranéens. Mais ce sont surtout les Romains qui font de cette région l'une des plus riches de la Gaule antique, en plantant d'immenses vignobles dans tout le secteur dépendant de la cité romaine Augusta Tricastinorum (aujourd'hui Saint-Paul-Trois-Châteaux). Après la fin de l'Antiquité, les grands domaines viticoles ont disparu, remplacés pour des siècles par des petites parcelles de vignes. Avec la mise en place des grandes voies de communications (chemin de fer, navigation sur le Rhône) au XIXème siècle, le vignoble du Tricastin se développe jusqu'en 1885 où le phylloxera venu d'Amérique faillit provoquer sa disparition complète.
"Les Côteaux du Tricastin" obtiennent l'appellation d'origine contrôlée le 27 juillet 1973, renommée le 9 juin 2010 "Grignan Les Adhémar".

►Situé à 800 m du village sur la route de Montélimar, le musée d’Eyguebelle raconte l’histoire de la fabrication de sirops et de liqueurs, de 1711 à nos jours. (Entrée gratuite).

Buste de Lucien Duc►Le 8 septembre 1849, naissait à à Valaurie Lucien Duc, futur poète félibre "Mestre en gaï-sabé dou felibrige". Diplômé de l'Ecole Normale, puis instituteur dans le Var. A 21 ans, il s'engage pendant la guerre de 1870 dans les Mobiles du Rhône au siège de Belfort, où il retrouve son poste d'instituteur. Plus tard, à Draguignan, il fonde sa première édition poétique : l'Echo des muses. En 1878, il quitte l'enseignement pour se consacrer à l'écriture et s'installe comme imprimeur-libraire à Lyon où il publie ses oeuvres. Avec un groupe de littérateurs, il constitue "l'Académie des Lettres, Sciences et Beaux-Arts de Province". Il "monte" à Paris en sa qualité d'imprimeur-libraire, est reçu membre associé au félibrige de Paris et devient rédacteur en chef de l'organe félibre de la capitale : "Lou Viro Souleu". En 1903, il est élu vice-président puis, en 1910, président du félibrige de Paris, qu'il quitte en 1911, à 62 ans, pour une retraite près de son fils, en Provence. En 1913, seul, veuf et en mauvaise santé, il quitte la Provence à contre-coeur pour rejoindre son demi-frère installé à Avallon, où il sera enterré en 1915.
Le 3 octobre 1926, Valaurie rend un premier hommage à son félibre. Le 25 septembre 2010, un deuxième hommage lui est rendu à travers une grande fête provençale organisée pour accompagner au cimetière du village les cendres du poète, rapatriées d’Avallon. Son buste, en bronze, est installé à quelques mètres à peine de sa maison natale. Cet hommage lui a été rendu en présence des autorités civiles, du félibrige et d'une population venue en nombre.